Pour le décennal de la mort du mathématicien et philosophe Gian-Carlo Rota, le Consulat d'Italie à Lille et l'UMR 8163 STL, avec le soutien de l'Institut Culturel Italien de Paris, la Mairie de Lille, l'UFR de Mathématiques de l'Université Lille 1 et la MESHS organisent une journée d'études et de réflexion consacrée à la vie et à l'oeuvre de l'une des figures les plus originales et les plus complexes de la culture italienne et internationale contemporaine.
Gian-Carlo Rota naît à Vigevano en 1932 dans une famille d'une grande richesse culturelle : son père est un célèbre architecte, sa tante Rosetta fait partie du groupe des physiciens de Via Panisperna (avec Fermi, Pontecorvo et Majorana), son oncle n'est autre que le célèbre écrivain Ennio Flaiano. Après avoir étudié l'analyse fonctionnelle à Princeton et Yale, il enseigne d'abord à Harvard puis au prestigieux M.I.T. de Boston, où il sera le seul professeur à avoir cumulé les chaires de « Mathématique Appliquée » et de « Philosophie ». Les années au M.I.T. représentent une période de grande activité scientifique où Rota déploie sa vision mathématique et philosophique. Il forme beaucoup d'élèves et il devient l'éditeur de nombre de revues mathématiques des plus réputées (notamment les Advances in Mathematics et les Advances in Applied Mathematics). Les années de la maturité seront aussi celles de la reconnaissance internationale. Lauréat honoris causa de plusieurs universités, membre de nombreuses académies il poursuit avec une énergie intacte le travail de mathématicien et de philosophe jusqu'à sa mort, survenue la nuit du 17 avril 1999.
Célèbre pour sa polémique avec Quine, le philosophe analytique américain sans doute le plus influent de son époque, très critique à l'égard des héritiers du néo-positivisme logique, Rota a conjugué une recherche de très grand niveau dans le domaine de l'algèbre combinatoire avec une intense activité d'essayiste et de philosophe se réclamant notamment de la phénoménologie de Husserl et de Heidegger, mais aussi de la philosophie du langage ordinaire (Austin, le dernier Wittgenstein, Ryle), de la tradition philosophique italienne (Vico, Croce), du pragmatisme américain (Dewey) ainsi que de la phénoménologie française de l'après guerre (Sartre, Merleau-Ponty). Sa démarche philosophique, qu'il qualifie parfois de « réalisme phénoménologique » est marquée par l'effort de décrire la sédimentation du monde, tout au long d'un spectre qui va des phénomènes-limite à ceux que l'on peut traiter avec les outils de la rationalité mathématique. Philosophe rationnel mais non rationaliste, Rota prend le pari de la complexité du monde.
Quelques liens :
http://rota-loiseau.com/giancarlorota
http://sesar.dti.unimi.it/Rota2009/index.php
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