Dans le contexte d’une urbanisation planétaire qui se traduit désormais sur tous les territoires, penser et concevoir séparément ville et campagne, artifice et "nature", humains et nonhumains, espaces ouverts et formes bâties, a toujours moins de sens. Les concepteurs, architectes, paysagistes ou urbanistes, sont donc amenés à adopter une vision écosystémique de leurs projets. Les plantes devraient y être invitées en qualité d’expertes puisqu’elles participent et vivent dans des écosystèmes précis, alimentent divers cycles et flux de matière et d’énergie, et s’adaptent chaque jour aux incertitudes du vivant.
Cependant, collaborer avec elles conduit les concepteurs sur des sols mouvants et vers des pronostics incertains. Planter expose à d’imprévisibles plantages. C’est sans doute pour juguler cette menace que bien souvent les plantes sont considérés par celles et ceux qui les produisent, les prescrivent, les plantent et les entretiennent comme de simples objets. Cette attitude réifiante peut prendre des formes, dans l’univers de l’aménagement, qui confinent la plante à sa totémisation quand l’arbre se fait sculpture, à sa symbolisation à travers le mythe du vert gazon, ou encore à sa standardisation faisant d’elle un simple élément de mobilier urbain, copicollable à l’infini.
Amorçant un travail collaboratif entre chercheurs en paysage et architecture de l’ENSAPL (LaCTH) et chercheurs en urbanisme et géographie de l’UdL (TVES), ce nouveau cycle de conférences veut substituer à une saisie générique et abstraite du végétal un rapport aux plantes en tant qu’individus, en donnant la parole à des spécialistes issus des multiples disciplines impliquées dans la production, la conception, la mise en oeuvre, la planification et la pensée de la place des plantes dans les sociétés humaines.
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