L’objectif principal de ce projet réside dans une mise en débat de l’approche géographique de l’autochtonie. Entendue dans une perspective géographique, l’autochtonie fait appel aux multiples territorialités des peuples autochtones et, par voie de conséquence, à des composantes diasporiques indéfectiblement liées à différentes manières d’être au monde. En ce sens, il n’y a pas une mais des autochtonies qui résultent d’itinéraires et de pratiques à la fois collectifs et individuels. Il s’agira, dans ce projet, d’appréhender les manifestations multiples et complexes des recompositions que connaissent les territoires autochtones aujourd’hui. Notre projet s’appuie sur un contexte particulier qui met en lumière des difficultés à appréhender l’autochtonie, un concept et des réalités qui restent largement en débat. Si l’autochtone désigne sur le plan étymologique celui qui est lié à une terre, ce lien a souvent été rompu par des processus d’exclusion et de domination coloniaux et post-coloniaux. Aujourd’hui, à l’instar de la Déclaration sur les Droits des peuples autochtones, adoptée à l’ONU en 2007, l’usage de l’expression «peuples autochtones» est communément admis et renvoie à des droits collectifs suite à un mouvement de spoliation. Cependant, certains États sont réticents à considérer ces peuples comme tels et préfèrent alors parler de communautés locales et autochtones. Ces évolutions montrent la variété des dimensions en jeu : si elles sont politiques, culturelles, économiques et juridiques, elles sont tout autant géographiques, puisqu’elles sont basées sur une revendication génératrice de conflits portant sur l’accès à la terre, mais aussi sur des enjeux de réappropriation territoriale. Un tel contexte international explique que ce projet s’intéresse à la montée en puissance, depuis une quarantaine d’années, de revendications réclamant la rétrocession de territoires dits ancestraux et la maîtrise des ressources naturelles qui s’y trouvent. La conception de l’autochtonie exprimée par la Déclaration de l’ONU résulte d’un consensus parfois flou sur la connaissance de l’attention portée au territoire par un grand nombre d’autochtones, alors qu’elle relève d’une dimension substantielle de la représentation du monde réel en ne s’inscrivant pas dans une dichotomie humain / non-humain. Cette remarque conduit à s’interroger sur la place et, plus largement, sur la nature des territoires, mais aussi des formes de territorialités que ces peuples, non figés dans le temps et revendiquant souvent une optique holistique et sacrée de leur existence à la nature, sont en mesure de reconstruire ou de réinvestir. Par ailleurs les autochtones n’échappent pas aux transformations importantes du rapport à l’espace et au monde que nos sociétés ont connu et connaissent. Nombre d’entre eux, par exemple, quittent leur communauté d’origine et partent vivre en ville. Les pratiques et territorialités évoluent à la fois dans le temps -pris sous la forme intergénérationnelle- et l’espace. Les jeunes générations n’ont, de ce fait, plus forcément les mêmes territorialités que leurs aînées, et n’envisagent alors plus de la même manière la dimension spirituelle les liant au territoire. Ce projet s’intéresse également à la place et aux diverses formes d’engagement, dans l’espace public, de groupes et d’individus autochtones investissant une grande pluralité de lieux.
Deux journées de séminaire sont envisagées dans le cadre de ce projet, en mai 2017.
Le projet INDITER reçoit le soutien de la MESHS dans le cadre de son soutien aux activités "de partenariat", ainsi que de nombreux autres partenaires.
Partenaires scientifiques et financiers:
> ANR ACHN INDIGEO - Laboratoire TVES- Territoires, ville, environnement, société (EA 4477)
> GEOLAB (UMR 6042/CNRS)- Université de Limoges
> PASSAGES-CNRS UMR 5319- (universités de Bordeaux, Bordeaux Montaigne, de Pau et des pays de l'Adour, ENSAP Bordeaux)
> DIALOG-Réseau de recherche et de connaissances relatives aux peuples autochtones - INRS-MONTREAL (QUEBEC)
Partenaires scientifiques
> EVS- Environnement, ville, société - (CNRS UMR 5600-université de Lyon)
> IIAC-Institut interdisciplinaire d'anthropologie du contemporain (UMR EHESS-CNRS 8177)
Responsable scientifique du projet: Éric Glon (université de Lille - sciences et technologies, laboratoire Territoires, ville, environnement, société - TVES)
URI/Permalink: https://meshs.fr/page/territoires_territorialites_autochtones