Séminaire « Écritures numériques et éditorialisation »
Université de Montréal, CRIHN, UVDE
Cycle 2018-2019 : Architectures et éditorialisation
Nous vivons dans un espace numérique : les lieux que nous habitons sont structurés par l’hybridation de relations entre objets connectés et objets non connectés et il n’est plus possible de séparer l’environnement numérique du reste de nos espaces de vie. L’éditorialisation est l’ensemble des dynamiques qui structurent et organisent ces écritures, elle procède ainsi d’un geste architectural. À partir de ces hypothèses, nous souhaitons nous interroger sur la nature des architectures à l’époque du numérique. Quels espaces nous habitons ? Comment pouvons-nous les interpréter ? Une analyse architecturale des espaces contemporains doit prendre en compte à la fois l’organisation des objets non connectés et connectés et doit donc s’intéresser en même temps aux organisations des éléments architecturaux pré-numériques et numériques. Comment les protocoles numériques - du TCP/IP en passant par l’HTTP, jusqu’aux protocoles des applications de messagerie instantanée ou des Wikis - participent-ils de l’organisation et de l’agencement du monde que nous habitons ? Quelles valeurs et quelles visions du monde portent-ils ?
Séance du 15 Mai 2019 – Organisée par le laboratoire GERIICO et la MESHS de Lille
15h-18h
Modération : Matteo Treleani et Joana Casenave
Laurence Allard (Université de Lille et IRCAV, Sorbonne Nouvelle)
Refaire un "internet maison"?
A l’heure où la connexion à Internet s'effectue désormais en France et ailleurs d'abord via les réseaux téléphoniques mobiles; à l 'heure où l'on nous promets grâce à la 5G une connexion de toute chose sans latence, dans un contexte environnemental critique, nous décrirons des initiatives qui visent à encapaciter les usagers en matière de captation de leur environnement (pollution, énergie). Ces initiatives ont pour politique d'une part, de favoriser la fabrication par soi-même et avec d'autres dans le cadre d'espaces physiques tels que les fablabs et les tiers-lieux de dispositifs low-tech et d'autre part, de déployer des régimes de connexion différenciés soucieux de la privacy (chiffrement, stockage en "fog"....). C'est donc une ré-architecturation de l'internet des objets au profit d'objets connectés DIY environnementaux qu'il s'agira de mettre en avant dans le cadre de cette réflexion entre espace et numérique.
Peppe Cavallari (UTC, Hétic)
Témoins de présence et constat d'activité : les décalages du temps (ir)réel
Au sens de l'expérience que nous en faisons via les outils, la temporalité de l'être en ligne est scandée par une panoplie de signes et des signaux (témoins de présence, constat d'activité, notification de l'envoi, de la réception et de la lecture d'un message donné) qui dans leur ensemble produisent le sentiment du temps qu'on qualifie de "réel" parce qu'il est en commun aux participants. Cependant, le temps soi-disant réel produit par les sous-jacents protocoles de présence, apparaît plutôt comme une hybridation décalée d'effets de synchronie et différé, de direct et d'enregistrement qui dans leur ensemble structurent un état d'âme qui semble être propre aux formes de la temporalité numérique, c'est-à-dire l'attente. Cette attente dans notre présentation, sera questionnée comme étant la temporalisation de la distance que la technologie de la communication crée tout en cherchant de la pallier.
Lien vers le site du séminaire : http://seminaire.sens-public.org/spip.php?rubrique15
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