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emanuele.arioli[at]uphf[POINT]frCe projet porte sur un patrimoine culturel immatériel particulièrement vulnérable, car menacé d’extinction. Il a pour objet l’étude des traditions populaires autour de Charlemagne et de ses chevaliers légendaires : les « paladins de France ». Roi des Francs, empereur d’Occident et « Père de l’Europe », Charlemagne a laissé après sa mort une véritable légende. Dès le IXe siècle, les hauts faits qu’il accomplit avec ses douze meilleurs chevaliers – les « paladins de France » – sont déclamés et chantés et se diffusent sous la forme de « chansons de geste » dans toute l’Europe. À la Renaissance, les marins espagnols et portugais emportent dans le Nouveau Monde ces traditions orales qui s’implantent dans les cultures locales. Pratiquement éteintes sur le Vieux continent, elles subsistent aux marges de l’Europe et dans des lieux reculés en Amérique latine et sur le continent africain. Sur les îles de São Tomé et Principe, sur les montagnes des Canaries et dans les déserts brésiliens, des communautés continuent à déclamer, à chanter et à mettre en scène les légendes des paladins de France qu’il est urgent de sauvegarder avant qu’elles ne disparaissent définitivement.
Le patrimoine immatériel que je souhaite recueillir et étudier dans les mois qui viennent se décline sous diverses formes en trois aires géographiques différentes : 1) Sur les îles de São Tomé et Principe (Afrique), deux manifestations de théâtre populaire autour de Charlemagne et ses paladins : le Tchiloli et l’Auto de Floripes. 2) En Espagne, le romancero, une tradition de récits psalmodiés ou chantés qui subsiste dans quelques villages des Canaries. 3) Au Brésil, sous trois formes : le repente, chant d’improvisation de poètes s’accompagnant au violão ; les cavalhadas, spectacles théâtraux et équestres mettant en scène les paladins et leurs adversaires ; le cordel, un type de poésie populaire déclamée dans les marchés et imprimé sur des fascicules ornés de gravures1. Ces trésors menacés n’ont été à ce jour recueillis qu’en partie par les archives écrites ou sonores, mais mon projet, grâce à des terrains de recherche, permettra des récolter des informations plus précises et préserver ainsi ces traditions populaires.
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