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cmansanti[at]gmail[POINT]comCe projet d’HDR, qui a pour titre « Une production culturelle perdue : d’autres Américains en France dans l’entre-deux-guerres », entend contribuer à l’histoire culturelle franco-américaine de l’entre-deux-guerres en s’intéressant à des objets négligés : les productions culturelles « populaires » liées à la présence des Américains en France, au-delà des productions « savantes », désormais relativement bien connues, de la Génération perdue. Ces productions « savantes » (par et autour de figures comme Ernest Hemingway, Gertrude Stein, Djuna Barnes, Laura Riding, et bien d’autres) s’adressaient à une élite intellectuelle : il s’agissait des revues d’avant-garde, des maisons d’édition, des librairies, des auteurs et des artistes associés à la Rive gauche parisienne, ainsi que des ouvrages et des productions associés au modernisme canonique. Ce projet de recherche s’intéresse quant à lui à d’autres objets, nombreux, à destination d’un plus grand nombre (résidents anglophones et touristes), mais peu étudiés.
Explorant les continuités entre culture savante et culture populaire, il revisite également les productions les plus étudiées à la lumière de la diversité des publics anglophones qui animaient Paris et le reste de la France, diversité mise en avant relativement récemment par des historiennes et historiens comme Nicole Fouché, Nancy Green, Jeffrey Jackson ou encore Harvey Levenstein. Nous nous intéresserons en particulier :
1) Aux périodiques « mainstream », revues et journaux, publiés en anglais en France entre les deux guerres ;
2) A la littérature érotique populaire en anglais et à ses réseaux d’édition, à la fois développés, souterrains, et complexes ;
3) Au domaine des arts de la scène, et en particulier du music-hall, divertissement populaire majeur de l’entre-deux-guerres à Paris, dont la programmation est en large partie tournée vers les Etats-Unis, que ce soit par importation directe de shows américains adaptés à la scène française, par un travail d’évocation des Etats-Unis dans des productions françaises, ou encore par l’organisation de vastes tournées qui conduisent des artistes français aux Etats-Unis, et inversement. Maurice Chevalier et Joséphine Baker sont à cet égard les figures les plus connues d’un phénomène qui reste encore à étudier.
Un des axes de ce projet de recherche consiste à s’interroger sur les schémas de circulation et les éventuelles co-constructions franco-américaines d’une « gaité » grivoise française et plus spécifiquement parisienne (« Gay Paree »). Dans un article de 1924, un journaliste remarque : « The celebrated gaiety of Paris is a French creation to take in tourist dollars. » Le parcours de revues américaines populaires à caractère grivois (« saucy magazines », qu’ils soient « pulp » ou pas), qui fleurissent aux Etats-Unis en particulier dans les années 1920 et 1930, permet de se demander si de nombreuses productions culturelles américaines n’ont pas participé à cette construction (que soulignerait l’utilisation des deux côtés de l’Atlantique des termes « gayty » et « folly » pour signaler des productions légères).
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