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josephine.jibokji[at]univ-lille[POINT]frCe projet de recherche est né du constat que les dessins réalisés pour les décors de films ne sont pas seulement utilitaires. La variété de leurs formats, de leurs supports et des outils utilisés témoigne d’une recherche plastique indépendante de leur fonction. En effet, ces dessins peuvent prendre des formes diverses : simple esquisse, gouache luxueuse, imposante fresque, collage pop, montage photographique ou recréation numérique. L'invention graphique permet d'inventer l’espace du film avec les moyens propres au dessin. Les dessins de décor sont d'ailleurs souvent très différents du film réalisé, en couleurs pour un film en noir et blanc, ou abstraits au point de ne pas ressembler du tout au film qu'ils contribuent pourtant à réaliser. S'ils sont reconnus pour leur valeur patrimoniale par de nombreuses cinémathèques, ils n'ont en revanche pas été étudiés pour eux-mêmes, comme l'ont été les collections graphiques des musées de peinture. Repenser les études préparatoires, c’est envisager que le film ne trouve plus son origine dans le réel mais sur le papier. C’est donc reconsidérer l’origine des images enregistrées. L’apparente fluidité de l’espace cinématographique n’y est pas préfigurée, bien au contraire : la surface de la page s’affirme comme un champ de possibles, un langage graphique et polysémique. Ce projet vise donc à étudier ces
dessins, apprendre à les regarder, écrire leur histoire et à singulariser leur esthétique pour redéfinir leur place dans les études cinématographiques en particulier, et dans l'histoire de l'art en général.
Les collections de la Cinémathèque française sont en cours d’exploration, avec l’aide de Joël Daire (dir. des collections patrimoniales) et Françoise Lémerige (Responsable du fonds Affiches et dessins). De plus, de nombreux décorateurs et illustrateurs ont déjà été rencontrés pour ce projet. Ils témoignent de l’actualité du métier et du rôle qu’y tient aujourd’hui le dessin, ils peuvent aussi donner accès à des dessins inédits. Parmi les décorateurs rencontrés ou contactés, se trouvent Anne Seibel (Woody Allen), Aline
Bonetto (Caro et Jeunet), Dean et Alex Tavoularis (Francis Ford Coppola), Stéphane Lévy (Jean-Marie et Arnaud Larrieu). Enfin, j’ai publié un premier texte sur le sujet dans une revue à comité de lecture : « Desseins de cinéma : sur l’inventivité des maquettes de décors », Double jeu, n°18, 2021, p. 23-40. Cet article propose d'évaluer la possibilité d'écrire sur ces dessins de cinéma, de les considérer non plus seulement comme une étape préparatoire mais comme une recherche plastique singulière.
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