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Programme
De 10h à 11h : Les écrivain·e·s africain·e·s sont - il·elle·s des écrivain·e·s comme les autres ?
Dans Je n’ai qu’une langue et ce n’est pas la mienne. Des écrivains à l’épreuve (Pauvert, 2016), Kaoutar Harchi retrace les trajectoires de cinq écrivains algériens de langue française. En analysant les mécanismes qui ont déterminé leur reconnaissance en France, elle montre à quel point cette reconnaissance est une question non seulement littéraire mais aussi politique, faite de lutte et de conquête. Écrire en français est-il suffisant pour être reconnu comme un « écrivain français » ? De toute évidence, non.
Claire Ducournau décortique dans son essai La fabrique des classiques africains. Écrivains d'Afrique subsaharienne francophone (CNRS ed, 2017) la façon dont une œuvre littéraire accède au rang de « classique » lorsque son auteur est issu d’Afrique subsaharienne francophone. En proposant une histoire sociale collective des écrivains depuis 1960, elle décrit par quels mécanismes symboliques et matériels ces écrivains sont devenus, sous différentes formes, des classiques africains.
Modération : Nathalie Carré.
De 11h à 12h30 : Pratiques collectives de traduction: Gloria Anzaldua et le collectif Utopia Traductions
Si traduire est un acte militant, comment cet engagement se concrétise-t-il non seulement dans le choix des textes, mais aussi dans la façon dont on traduit à plusieurs mains, dans le cadre d’un collectif ? Rencontre avec Suzanne Dufour, l’une des traductrices de l’ouvrage de Gloria Anzaldúa Borderlands - La frontera, dont la première traduction française paraîtra en 2019 chez Cambourakis. Dans ce livre, les mots d’espagnol chicano se mêlant à l’anglais, une équipe de trois traductrices a été mise en place pour assurer une traduction la plus respectueuse possible. Écrivaine et militante féministe lesbienne chicana, Gloria Anzaldúa a grandement contribué à définir de manière plus large le féminisme, notamment dans le domaine des études culturelles & queer. Leeo Lebel-Canto, membre d’Utopia Traductions, sera aux côtés de Suzanne Dufour : organisé en coopérative, ce collectif de traducteurs.trices se compose de femmes, de personnes trans et de minorisé·e·s sexuel·le·s. Il défend une éthique basée sur la coopération, la formation continue, la traduction située, le partage des connaissances techniques et linguistiques et des ressources. Une part importante de ses gains est reversée en soutien à des projets militants et/ou audiovisuels autogérés.
Modération : Noomi B. Grüsig
De 14h à 15h30 : Le Tout-Monde, la littérature de la Caraïbe et la créolisation de la langue.
Dans les romans C’est juste un film d’Earl Lovelace (Le temps des cerises, 2017) et By the rivers of Babylon de Kei Miller (Zulma, 2017, Lauréat 2017 du Prix Carbet de la Caraïbe et du Tout-Monde) on sent le créole murmurer sous les anglais de Trinité-et-Tobago et de Jamaïque. Cette cohabitation inégalitaire des langues dans l’archipel caribéen fait apparaître non seulement une histoire de luttes, de conflits raciaux, de rapports de domination, mais dessine aussi les identités plurielles de l’Antillanité et entraîne un remodelage des langues des colonisateurs. Auteur.e.s des traductions françaises de ces deux romans majeurs de la littérature caribéenne contemporaine, Alexis Bernaut, Thomas Chaumont et Nathalie Carré s’entretiendront avec Corinne Mencé-Caster sur la manière de traduire des langues façonnées par une histoire faite aussi de traumatismes, qui deviennent parfois des outils de résistance et de libération.
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