Conférence de Chantal Jaquet, animée par Bruno Ambroise
La mobilité sociale apparaît comme une forme de liberté dans la mesure où le transclasse échappe à la condition et au destin de sa classe d’origine en déjouant la loi de la reproduction pour connaître un sort différent. La question se pose de savoir cependant si le transclasse est véritablement une figure d’émancipation et s’il ne risque pas de perdre son âme et de s’aliéner dans le changement de classe en reniant les siens et en servant d’alibi au maintien de l’ordre établi. Comme le faisait valoir Michelet, «le difficile n’est pas de monter, mais en montant de rester soi». Il n’est pas certain que l’on puisse légitimement parler d’ascension sociale et assimiler sans réserve le parcours du transclasse à une espèce d’élévation, de promotion et de conquête de liberté.
En prenant appui sur l’examen de diverses figures de transclasse, il s’agira d’examiner à quelles conditions la mobilité sociale peut être un facteur d’émancipation ou au contraire un frein pour la liberté.
Chantal Jaquet est philosophe, professeure à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Spécialiste d’histoire de la philosophie moderne (Spinoza, Bacon), de la philosophie du corps, notamment de l’odorat, elle est l’auteure de 25 livres dont Les Transclasses ou la non reproduction (PUF, 2014).
Bruno Ambroise est philosophe, chargé de recherche au CNRS, directeur-adjoint du centre universitaire de recherche sur l’action publique et le politique - épistémologie et sciences sociales (CURAPP-ESS - CNRS/université de Picardie Jules Verne). Spécialiste de philosophie du langage, il s’intéresse tout particulièrement à l’efficacité du langage et, à ce titre, étudie les conditions sociales et politiques de cette efficacité. Dans ce cadre, il mobilise notamment les œuvres de J. L. Austin et P. Bourdieu.
Cette manifestation est soutenue par l'Etat et le Conseil Régional Hauts-de-France dans le cadre du CPER ISI-MESHS. |
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