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hnomad[at]meshs[POINT]frWilly, un exploiteur? C’est ce qu’a laissé entendre Colette lorsqu’elle évoquait la série des Claudine, parus entre 1900 et 1903 sous le seul nom de son époux. C’est ainsi que, de 1948 jusqu’à son décès en 1954, Colette minimise la participation de Willy à la rédaction des Claudine, jusqu’à ce que son nom remplace celui de son premier mari sur la couverture des romans. Il semble toutefois nécessaire de nuancer cette position. D’une part, Willy n’a jamais caché le fait que Colette avait participé à la rédaction de ces textes, comme elle le reconnaît elle-même à plusieurs occasions. D’autre part, les méthodes de « production » littéraire de Willy sont alors parfaitement connues du tout Paris. En 1900, l’emploi de « collaborateurs » ou « collabos » par Willy est un secret de polichinelle. Colette parle même d’un véritable « atelier d’écriture » [1], où des « nègres » écrivent à la chaîne des romans minutieusement relus, repris, réécrits et commentés par Willy. Le manuscrit de Claudine à l’école serait bien passé par cet atelier : après avoir été relu par Willy, le nombre de pages en aurait même été réduit de moitié.
Néanmoins, la part de collaboration qui revient à Willy et à Colette reste encore inconnue. Si Colette a, à la fin de sa vie, tenté de s’approprier la seule paternité de ces romans, Willy a aussi affirmé qu’il avait pleinement participé à la rédaction des Claudine. Il est difficile de démêler le vrai du faux, et de faire la part de l’aigreur et du ressentiment. Il nous paraît donc particulièrement intéressant de déterminer à quel point Willy a influencé les premiers textes de Colette, et quel rôle il a joué dans la rédaction de ces romans. Pour ce faire, nous allons utiliser les possibilités offertes par la fouille de texte. Les méthodes d’attribution d’autorité sont applicables à ces problématiques ; et à défaut d’être définitivement conclusives, elles peuvent donner des indices cruciaux sur les degrés d’influence entre les deux écritures, et sur les textes potentiellement écrits par l’un et l’autre.
Nous étudierons plus particulièrement Claudine à l’école, texte sur lequel nous nous proposons d’appliquer les méthodes d’attribution d’autorité. En parallèle, des corpus de référence, rassemblant des textes écrits de la seule main de Colette et de la seule main de Willy, ont été constitués. Ces textes vont nous permettre de mettre en place des méthodes d’apprentissage supervisées, nécessaires pour déterminer la part de collaboration de Willy et de Colette dans Claudine à l’école.
Intervenante: Marie Puren (ingénieure de recherche, INRIA)
Marie Puren est ingénieure de recherche en humanités numériques à Inria à Paris, membre de l’équipe Almanach (INRIA - EPHE). Impliquée dans le projet européen H2020 PARTHENOS, elle concentre ses recherches sur le développement et la diffusion de standards pour les recherches en arts et humanités. Elle travaille également à la création du plan de gestion des données de ce projet. Marie Puren travaille également sur le plan de gestion des données du projet H2020 IPERION-CH, et plus largement sur la gestion et la diffusion des données au sein de ce projet.
Marie Puren enseigne les Humanités numériques à l’Université de Versailles Saint-Quentin en Yvelines. Ses publications s’intéressent plus particulièrement à l’histoire intellectuelle française du XXème siècle et aux humanités numériques.
Marie Puren est docteure en histoire de l’Ecole nationale des chartes. Elle est également titulaire d’un master en humanités numériques de l’Ecole nationale des chartes et d’un master d’histoire de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris.
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