Les Troubles du langage oral affectent des enfants d'intelligence non verbale normale, sans trouble envahissant du développement. Ces troubles dans l'acquisition du langage peuvent se traduire de plusieurs manières (Leonard, 1999) : troubles expressifs uniquement (l'expression orale est lacunaire, souvent en style télégraphique, avec des erreurs de production phonémique), troubles réceptifs (la compréhension est faible même si l'expression orale est correcte), troubles mixtes (troubles expressifs et réceptifs). De plus, on distingue des atteintes davantage praxiques, linguistiques, ou communicationnelles (Bishop, 2007). A un âge précoce (4 à 6 ans), on évalue à environ 7% la proportion d'enfants présentant ces troubles (Tomblin et al, 1997). Cependant, une partie importante de ces troubles se résorbe vers 5-6 ans ; la dysphasie, qui constitue probablement la forme la plus sévère des troubles du langage persistants, représente alors 1% des enfants scolarisés (Ringard, 2000).
Nous nous centrons sur deux questions qui ont une conséquence importante sur les politiques de santé. La première question est celle du dépistage précoce des troubles sévères du langage, la seconde question est celle de l'apprentissage de la lecture, renvoyant à la question plus globale de la scolarisation des enfants avec troubles du langage.
Concernant la question du dépistage précoce des troubles sévères il s'agit notamment de le distinguer le plus précocement possible du retard simple. Cette distinction n'est pas simple à mener puisque dans les deux cas (troubles qui se révéleront sévères et persistants et troubles qui se résorberont) l'expression et la compréhension verbales sont faibles, ainsi que l'attestent les scores faibles aux tests de langage (Maillart et al, 2013). L'enjeu est donc de développer des méthodes permettant d'aller au-delà de l'évaluation du langage dans son versant expressif et essayer d'évaluer plus finement les processus d'encodage. Ces méthodes peuvent s'appuyer sur des outils spécifiques, comme l'exploration visuelle lors de l'écoute de phrases ou de mots. L'objectif de la journée d'études est d'évaluer l'émergence et la pertinence de ces nouvelles méthodes afin de pouvoir les développer.
La deuxième question concerne l'apprentissage de la lecture. Les enfants qui souffrent de troubles du langage (persistants donc ici) souffrent d'un retard important dans l'apprentissage de la lecture (Cole et al, 2013). Cependant, compte tenu de l'hétérogénéité importante des troubles du langage oral, il est impossible d'effectuer un pronostic clair sur la maîtrise de la lecture. Il est donc important d'une part de mieux évaluer le fonctionnement de la lecture chez les enfants avec TLO, d'autre part de relier les mécanismes de lecture et les déficits linguistiques en jeu. L'enjeu ici est de mieux prévenir les difficultés et adapter les prises en charge en fonction des différents profils observés chez les enfants avec troubles du langage. L'objectif de la journée d'études est de présenter les premiers travaux réalisés dans ce cadre, confronter les modèles théoriques reliant langage oral et langage écrit et échanger sur les méthodes appropriées pour étudier ces relations complexes.
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