Auteurs : Clarisse Bardiot, Emmanuel Château-Dutier, Edward Gray, Alexis Grillon, Jaymes Kalala, Victoria Le Fourner, Mathilde Wybo
En novembre 2020, le colloque #dhnord s’est tenu en ligne par la force des choses. Nous avons essayé de tirer le meilleur parti de la situation, et comme plusieurs personnes nous ont posé des questions sur l’organisation de l’événement, ce billet tente d’en rendre compte le plus précisément possible, afin que l’expérience puisse servir à d’autres équipes.
Chaque année, le colloque #dhnord, consacré aux humanités numériques, est organisé à la MESHS de Lille aux alentours des mois d’octobre-novembre. Au fil des années, #dhnord est devenu un rendez-vous incontournable sur les humanités numériques, tant à l’échelon national que régional. Depuis 2019, il est dirigé par Clarisse Bardiot, responsable scientifique de l’axe humanités numériques à la MESHS, en partenariat avec le CRIHN à Montréal dont l’un des membres assure la co-direction scientifique (en 2020 Emmanuel Château-Dutier). L’équipe administrative de la MESHS en assure l’organisation. Le contexte est particulier : le poste d’ingénieur d’études en humanités numériques est vacant et Edward Gray ne sera recruté qu’en juillet 2020, quelques mois avant la date du colloque. Par ailleurs, en 2018, il a été décidé d’instaurer un rythme biannuel : les années impaires, un colloque en français sur une thématique large ; les années paires, un colloque en anglais sur une thématique précise. Enfin, ce colloque a la particularité de fonctionner sur appel à communication et invitation de chercheurs, le tout validé par un comité scientifique renouvelé chaque année.
Le thème du colloque 2020 est communiqué dès la clôture de l’édition 2019 (les grands corpus d’images en histoire de l’art) ainsi que les noms des co-directeurs scientifiques. Ces derniers constituent à la fin de l’hiver le CS, lequel se réunit une première fois en février pour définir l’appel à communication et le titre. Le colloque s’intitule dorénavant « La mesure des images : approches computationnelles en histoire et théorie des arts ». L’appel est publié dans les délais habituels avec une date de réponse au 05/06/2020.
Entre-temps, le confinement est déclaré… Malgré les incertitudes qui pèsent sur l’automne, et un certain optimisme sur la possibilité de mener le colloque en présentiel, nous décidons dès le mois de mai de basculer le colloque en ligne. Le scénario est le suivant : quoiqu’il arrive, les étrangers ne pourront vraisemblablement pas se déplacer ; s’il y a une possibilité de présentiel, cela sera réservé en priorité aux ateliers. Bien nous en a pris : aux dates du colloque, nous sommes de nouveau confinés…
Reste à imaginer une forme de colloque en ligne. Les séminaires en ligne fleurissent de toute part, nous expérimentons les cours en ligne avec les étudiants, menons une veille, partageons bonnes et mauvaises expériences. Au fur et à mesure des principes émergent :
- Profiter de la situation pour la retourner à notre avantage et inviter les plus grands spécialistes internationaux (qui ne seraient sans doute jamais venus à Lille). Nous avons été surpris par leur enthousiasme et tous ont répondu favorablement, bien au-delà de ce que l’on pouvait imaginer.
- Privilégier des tables-rondes en direct avec des échanges entre les intervenants pour conserver la dimension vivante si ce n’est conviviale du colloque. Les tables-rondes sont enregistrées mais l’accord pour la rediffusion est demandé a posteriori pour permettre le droit à l’erreur et privilégier le direct.
- Enregistrer au préalable les communications et les diffuser deux semaines avant le colloque pour favoriser les échanges lors des tables-rondes, et permettre au public de pouvoir les consulter en fonction de leur emploi du temps tout en évitant d’être assis derrière son écran pendant plusieurs heures de suite. Cela permet aussi de réduire les problèmes techniques.
- Augmenter et éditorialiser les vidéos grâce au logiciel MemoRekall : le colloque est très pointu et cela permet d’expliciter les références mentionnées par les intervenants, de joindre la bibliographie, de renvoyer vers le code et les corpus le cas échéant, etc. C’est notamment très utile pour les étudiants. Nous pensons également à éditorialiser des vidéos de conférences déjà existantes mais finalement cet aspect sera progressivement abandonné.
- Étendre la durée du colloque sur 4 jours (et non deux et demi comme initialement prévu) avec un rdv chaque jour pour une table ronde de 1h30 à 17h heure de Paris ce qui permet aux nord-américains de participer.
- Choisir de déporter les tables-rondes vers YouTube, Twitch et CanalU pour éviter que le public ne se connecte à la session zoom et relayer les questions posées sur un chat dédié ou sur twitter.
- Proposer une session de posters sous forme de 4 images qui peuvent ainsi être diffusées sur Twitter. Les templates ont été fournis aux candidats pour assurer une harmonie graphique et pour éviter des problèmes de fichiers.
- Définir une identité graphique déclinée sur tous les supports et abandonner complètement les supports papiers.
Nous détaillons ci-dessous les principaux points avec nos documents de travail, que vous pouvez réutiliser et adapter librement. Des réunions régulières avec toute l’équipe (mensuelles puis bi-mensuelles), une grande souplesse d’adaptation, de l’écoute et beaucoup de bonne humeur sont les principaux ingrédients. Nous n’avons pas évité les bugs de dernière minute, le plantage d’une plateforme vidéo (mais nous en avions deux autres qui fonctionnaient) et deux ou trois autres surprises mais cela est (presque) passé inaperçu !
L’organisation d’un colloque international en ligne implique, avant tout, beaucoup de travail en amont. À cet égard, l’établissement d’un rétro-calendrier a été particulièrement utile. Celui-ci impliquait des périodes tampons pour donner une place à l’imprévisible (parce que l’imprévisible est la seule chose prévisible). Nous avons également eu besoin de veiller à tenir toute l’équipe au courant de ce qui se passe, et d’assurer que notre communication avec les intervenants soit à la fois succincte, claire, et efficace.
Après avoir identifié les participants et nous être assurés qu’ils étaient bien informés du schéma général du colloque, nous avons veillé à ce que notre demande – enregistrer une vidéo de leur présentation et nous l’envoyer – soit la plus simple et la plus claire possible. Nous avons ensuite effectué le montage avec un prestataire externe pour conférer à l’ensemble une certaine harmonie et normaliser les vidéos produites. Ainsi, nous avons élaboré un document d’orientation qui non seulement explique en détail comment utiliser OpenCast Studio (le logiciel libre utilisé pour l’enregistrement), mais qui donne également des conseils pour se filmer efficacement. Bien que ces recommandations puissent sembler simples (éviter d’avoir des fenêtres derrière soi pour le contre-jour, porter des couleurs unies, etc.), l’expérience des dix derniers mois a montré qu’il s’agit là de considérations importantes pour produire des enregistrements de qualité. Nous avons également fait preuve de souplesse lorsque certains participants ont demandé à utiliser d’autres plateformes. Ce qui était important pour nous, c’était que le processus de tournage reste le plus simple possible, afin que les intervenants puissent se concentrer sur la réalisation de leur présentation.
Il était également essentiel de garder toute l’équipe sur la même longueur d’onde. Pour ce faire, nous avons profité d’un canal de discussion privé dans un chat interne, en épinglant les messages si nécessaire. Nous avons également utilisé un système de fichiers partagés – Nextcloud fournit par ULille, mais en raison de la difficulté d’intégration des personnes extérieures à Lille, nous avons également utilisé Google Drive et Docs. Dans ces documents, nous avons tenu un journal – une liste récapitulative de nos discussions précédentes (nous avons pris des notes de manière collaborative au fur et à mesure des réunions) – ainsi que d’autres documents, tels que les lignes directrices mentionnées ci-dessus, et plusieurs fichiers de suivi pour suivre la progression de l’organisation des différents aspects du colloque. La possibilité de partager ces fichiers avec d’autres membres non permanents de l’équipe nous a permis de transmettre rapidement et facilement des informations et de travailler à notre propre rythme. Cela a permis aux membres de l’équipe de pouvoir vérifier instantanément ce qui était fait, ou ce qui était en cours d’élaboration et ce qu’il restait à faire. Avec les membres de l’équipe en télétravail, et dans le cas d’Emmanuel Château-Dutier, sur un continent lointain, ces éléments étaient d’une grande importance.
Pour préparer les journées elles-mêmes, nous avons envoyé un courriel aux participants des tables rondes la semaine précédent le colloque, avec les informations complètes de connexion à Zoom. Lors de la création de la session Zoom, nous avons également veillé à activer les centres de données dans les régions où nous aurions des connexions des participants, comme le Canada pour couvrir l’Amérique du Nord.
Une dernière note sur l’organisation des ateliers – nous avions initialement prévu 20 personnes dans le public pour favoriser les échanges. Nous avons demandé aux inscrits de confirmer leur présence la semaine précédant la conférence. Le taux de réponse a été plutôt faible, et nous avons vite appris qu’il valait mieux inviter beaucoup plus de personnes que prévu aux sessions, car il est très facile de décider de ne pas participer à des événements en ligne à la dernière minute.
L’un des éléments inédits de notre conférence sont les vidéos préenregistrées enrichies avec MemoRekall, un logiciel d’annotation vidéo conçu par Clarisse Bardiot. Relativement simple à prendre en main et à mettre en œuvre, MemoRekall nous a permis de présenter une approche nouvelle et innovante des documents de la conférence avec la production de vidéos augmentées. Grâce à ce logiciel, il était possible de délimiter les principales sections d’une présentation en les chapitrant mais aussi de fournir des « notes de bas de page » contenant des liens vers des documents, des sites web et des ensembles de données. Ainsi, notre public pouvait facilement avoir accès à une exploration des contenus plus approfondie, ce qui est assez limité dans un format de conférence traditionnel ! Cet investissement nous paraissait d’autant plus important que ces capsules MemoRekall devaient être hébergées sur le site web de la MESHS, et rester accessibles à long terme. Ainsi, #dhnord2020 continuera d’être une ressource bien au-delà de novembre 2020.
En créant ces capsules, nous avons demandé à nos participants d’envoyer leurs diapositives de présentation ainsi que les références/détails qu’ils souhaitaient voir ajoutés à la capsule. Ils ont souvent soumis leurs diapositives qui comportaient des éléments de « chapitres », et plus rarement des horodatages. Chaque vidéo commençait par l’insertion d’une note, qui durait pendant toute la vidéo, sur la conférence, ainsi que sur l’auteur de l’intervention et un lien pour soumettre une question à poser pendant les tables rondes, ainsi qu’un téléchargement des diapositives si celles-ci étaient disponibles. De là, nous avons regardé les vidéos et ajouté des références au fur et à mesure – en donnant 30 secondes minimum pour les liens, et en faisant des « chapitres » du mieux que nous pouvions. Un deuxième visionnage détaillé était nécessaire pour le contrôle de la qualité et pour s’assurer que les « chapitres » étaient pertinents, surtout lorsqu’ils n’étaient pas déjà clairement définis par l’auteur. En fonction du nombre de références à ajouter, ainsi que des éléments fournis au préalables par les auteurs, chaque vidéo a demandé entre 2,5 et 3 heures de travail pour être éditorialisée. Une fois terminées, elles ont été envoyées aux auteurs pour approbation avant d’être placées sur le site web de la conférence.
Exemple de capsule réalisée avec MemoRekall. Voir en plein écran
Avec un événement entièrement en ligne et la diffusion de conférences pré-enregistrées, il nous paraissait particulièrement important de pouvoir trouver des solutions pour garantir, malgré tout, des échanges scientifiques de qualité. En effet, nous avions une conscience aiguë de ce que nous perdions avec un événement à distance en termes de rencontres et de discussions informelles et spontanées qui font souvent tout le sel des rencontres scientifiques. Il nous paraissait donc relativement essentiel d’accorder une large place dans le déroulement de l’événement à des discussions à travers l’organisation de plusieurs table-rondes qui seraient seules diffusées en direct sur des plages horaires assez restreintes mais tout au long de la semaine.
Afin d’assurer des discussions d’une bonne tenue, il était essentiel qu’un responsable soit désigné pour chaque table-ronde afin de préparer la discussion en prenant soin de discuter avec chaque intervenant de son intervention. Il faut ici remercier Nuria Rodriguez Ortega, Taylor Arnold et Everardo Reyes d’avoir accepté de jouer ce rôle et de leur investissement dans la préparation des tables rondes. À partir de ces discussions préalables et après avoir pris connaissance des communications enregistrées des divers participants, un déroulé de chaque table ronde a été rédigé en pensant aux dialogues qui pouvaient s’établir entre les divers intervenants. Ces conduites organisées par grandes questions thématiques avec des sous-questions étaient destinées à mener la discussion au cours des tables rondes. Elles ont été communiquées aux participants avant l’événement pour qu’ils aient le temps d’y réfléchir. Avec la mise en ligne des conférences enregistrées, tous les intervenants avaient par ailleurs eu le temps de penser aux présentations de leurs collègues.
Les intervenants étaient accueillis dans les table-rondes une demi-heure avant le lancement de l’événement pour s’assurer de l’absence de problème technique, effectuer les tests micros, et faire connaissance. Avant de passer en ligne, il leur était rappelé les modalités de déroulement de l’événement en insistant sur l’importance d’avoir une discussion la plus fluide et la plus nourrie possible et qu’ils pouvaient donc bien entendu s’interpeler ou rebondir sur les propos des uns et des autres. Plusieurs canaux ont été établis pour le recueil des questions du public sur Mattermost ou à travers un mot-dièse (#dhnord2020) sur Twitter. Les animateurs des tables-rondes étaient déchargés du recueil des questions par des personnes désignées afin de pouvoir se concentrer sur la discussion. Ces questions leur étaient compilées dans un framapad partagé et communiquées dans la messagerie instantanée de la vidéoconférence au moment approprié.
Les discussions au cours de ces tables-rondes ont été particulièrement nourries et de qualité. Outre le choix des participants, nous pensons que cela tient en grande partie à leur préparation. En revanche, les questions du public ne furent pas très nombreuses. Une bonne partie des participants inscrits se sont connectés sur le chat Mattermost dédié à l’événement mais le contact indirect avec les intervenants n’a peut-être pas facilité la discussion.
La communication du colloque #dhnord a été mise en œuvre par le service communication de la MESHS, appuyé par les services Outils numériques et Humanités numériques et par les membres du comité d’organisation. Ces outils ont été déployés dans le contexte de la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19 durant laquelle deux périodes de confinement ont été imposées (printemps et automne 2020), impliquant un recours massif au télétravail.
L’identité graphique du colloque et ses déclinaisons
La première des actions de communication a été la définition, puis la déclinaison, d’une identité graphique soucieuse d’incarner la thématique de l’édition 2021 de #dhnord consacrée à l’étude des images en sciences humaines et sociales par le biais des outils numériques, en veillant au caractère esthétique, simple et chaleureux du visuel. Les avis ont été confrontés, sur la base de premières pistes assez différentes au départ, et plusieurs compétences mises à profit pour élaborer le premier visuel basé sur le concept de l’image ascii. Lorsque nous avons décidé de travailler sur l’image ascii, le personnage d’Ada Lovelace, pionnière de la science informatique, a été choisi. Son portrait a été transformé en image ascii grâce à un logiciel gratuit. L’affiche a ensuite été enrichie par quelques circuits informatiques dessinés à la main par Adèle Huguet, médiatrice et illustratrice scientifique, avec qui nous avions eu le plaisir de travailler lors de l’édition 2019 de #dhnord. Le format paysage a été choisi car mieux adapté à la communication numérique.
Affiche du colloque #dhnord2020, MESHS, 2020 (version française)
Affiche du colloque #dhnord2020, MESHS, 2020 (version française)
Le visuel a ensuite été décliné sur différents supports (habillage du site internet, signature numérique, cartons d’entrée et de sortie et habillage des capsules vidéos, habillage des réseaux sociaux, posters). Un programme numérique a été élaboré et illustré par les portraits des intervenants du colloque également “transformés” en image ascii, après avoir effectué les demandes d’autorisation de cession de droit à l’image. Pour tous les supports, le format 100% digital nous a conduit à choisir et à décliner des formats adaptés en fonction des différents besoins (taille écran 1920×1080, format paysage, version longue de 82 pages pour le programme). Les thématiques du colloque ont également été illustrées par Adèle Huguet, dans la continuité de la charte graphique.
Planche d’illustrations réalisées par Adèle Huguet pour #dhnord2020, MESHS, novembre 2020.
Planche d’illustrations réalisées par Adèle Huguet pour #dhnord2020, MESHS, novembre 2020.
Les canaux d’information (internes et externes)
L’appel à communication du colloque a été diffusé dans un premier temps au printemps 2020 via le site internet SciencesConf.org et le site internet de la MESHS. Dans un deuxième temps, l’information scientifique (programme, présentations originales – exemple, présentation des intervenants hors présentations originales) et pratique (“Comment accéder en ligne au colloque #dhnord2020?”) concernant le colloque a été rassemblée en un point unique (site internet de la MESHS). Les pages du site, ainsi que le programme numérique, ont été rédigés en anglais et en français. Des url raccourcis et des ancres dans les pages ont été créés afin de faciliter la communication d’informations sur des contenus précis. Les hyperliens ont été très utilisés dans l’ensemble des supports et ont demandé de nombreuses vérifications. L’information concernant le colloque a également été communiquée sur plusieurs portails (Calenda, Culturables, OCIM, agendas des partenaires et universités tutelles de la MESHS). Il faut ajouter que la dimension internationale de l’édition 2020 de #dhnord avait pour objectif de mobiliser un public scientifique plus large que pour les éditions précédentes. Cela a nécessité des traductions systématiques de tous les supports. De plus, une nouvelle fonctionnalité a été créée sur le site internet pour permettre une sélection du fuseau horaire.
Le fil Twitter #dhnord2020 a été utilisé en amont du colloque pour diffuser des informations sur l’événement lui-même, la mise en ligne du pré-programme et du programme complet, l’ouverture des inscriptions et la mise en ligne des vidéos annotées, dix jours avant le début du colloque. Des thread illustrés ont été rédigés par thématiques, puis par tables rondes. Les comptes des intervenants et de leurs institutions ont été identifiés en amont afin de les mentionner facilement dans les messages relatifs à leurs interventions. Pendant l’événement, les diffusions des interventions originales en streaming, des ateliers et des tables rondes ont été annoncées via ce fil. Des rappels étaient programmés parallèlement sur le chat Mattermost. La cession “Posters” a également été organisée sur Twitter lors du 3ème jour du colloque. Le fil Twitter a par ailleurs permis de relayer certaines questions. Pour rappel, les participants avaient trois moyens d’interagir avec les intervenants et les modérateurs des tables rondes : le fil Twitter #dhnord2020, le chat Mattermost et un questionnaire LimeSurvey exclusivement dédié aux questions (“Posez vos questions/Ask your questions”). Le fil a été alimenté et enrichi par les “live-tweet” des membres du comité d’organisation et des participants au colloque. Au total, entre le 15 et le 20 novembre, 27 messages ont été postés depuis le compte institutionnel de la MESHS, la plupart en anglais. En conséquence de cette activité, le compte de la MESHS a accueilli 55 nouveaux abonnés au mois de novembre, ce qui est 3 à 4 fois supérieur par rapport à un mois habituel. Tous les indicateurs montrent une activité intensifiée pour ce mois de novembre 2020.
Capture d’écran du 30/11/2020 de Twitter analytics pour le compte @MESHS_Lille
Capture d’écran du 30/11/2020 de Twitter analytics pour le compte @MESHS_Lille
Le chat Mattermost a été utile à double titre, en externe et en interne. Les participants ne pouvant se connecter à la session zoom des tables rondes (réservées aux intervenants et modérateurs), l’objectif était de proposer un espace dans lequel les participants puissent s’exprimer, poser des questions, échanger facilement des informations. Plusieurs canaux de discussion ont été créés, par sessions thématiques et tables rondes. Un outil de veille sur les humanités numériques a également été intégré. Cet outil a permis de diffuser des informations pratiques mais il a été relativement peu investi comme espace de discussion par les participants : cela constitue une vraie piste d’amélioration pour 2021.
A l’interne, le flux d’informations partagées a été assez intense en amont et durant le colloque. Un canal privé “organisation”, associé aux réunions zoom régulières de l’équipe, a été créé et s’est avéré très utile, nous permettant d’interagir facilement et d’épingler les messages importants pour y revenir selon les besoins. Plusieurs documents partagés ont également été créés. Bien que les membres de l’équipe ont pu se réunir sur place durant les quatre jours du colloque, facilitant les échanges et le partage d’informations, le chat Mattermost et les autres outils collaboratifs ont été précieux. Leur usage doit être conservé pour des événements futurs impliquant plusieurs services internes et des partenaires extérieurs, comme ce fut le cas cette année avec le CRIHN.
Les formulaires et les listes de diffusion
Un formulaire d’inscription LimeSurvey a été élaboré. Cet outil est important pour connaître la future audience du colloque ainsi que les principales caractéristiques de l’auditoire. Sur la base de ce formulaire, deux listes de diffusion “participants” et “intervenants” ont été créées avec l’aide du service informatique de la MESHS. Durant les quinze jours précédant le colloque, la liste “participants” a été mise à jour quotidiennement. Elle a été très utile pour communiquer les informations pratiques sur le colloque en ligne (modalités de connexion aux contenus hors lignes et aux contenus en direct). Ce lien direct avec les participants est indispensable et il serait intéressant de réfléchir à l’avenir à mieux programmer l’envoi des informations indispensables (confirmation d’inscription, mise en ligne de nouveaux contenus, démarrage des sessions en direct, etc.). Ces envois doivent être réguliers, sans être envahissants. Dans le cas d’un dispositif technique dans lequel plusieurs points de connexion sont proposés (espaces “virtuels” où se déroule le colloque), il est nécessaire d’accompagner au mieux les participants dans leur démarche de participation à l’événement.
Deux autres formulaires ont également été créés et proposés aux participants et aux intervenants : un formulaire dédié à recueillir les questions et un formulaire de satisfaction pour recueillir les avis et les pistes d’amélioration. Ce questionnaire a été élaboré à la fin du colloque, à un moment où l’équipe avait une meilleure visibilité sur le résultat final.
Une étude des moyens qui permettaient l’organisation d’un colloque en ligne a été réalisée au préalable. Il en ressort que si des solutions « toutes intégrées » sont séduisantes, la qualité de la prestation n’est pas garantie, et rend l’institution totalement dépendante de l’existence du service pour ses activités. Un arbitrage a donc été rendu en choisissant volontairement de construire le colloque avec nos propres moyens.
Note : Un certain nombre de solutions complémentaires à ce qui est décrit par la suite ont été identifiées, sans pour autant avoir été toutes été mises en place (faute de temps ou de moyens), telles que, notamment, Mumble et les listes de diffusion.
Compte tenu de ce constat, les choix de retransmission de la conférence se sont donc faits en se reposant sur nos solutions, et en choisissant deux façons de diffuser des vidéos :
- des programmes préenregistrés qui permettent une diffusion préalable et fiable. Ils constituent la colonne vertébrale du colloque.
- une programmation en streaming, partiellement en direct, présentant plus de risques de pannes et d’aléas.
Vidéos préenregistrées
Concernant les vidéos préenregistrées, en cette période alternant confinement et déplacements interdits, nous avons fait le choix de rendre les intervenants autonomes via un service de type Opencast, en leur fournissant un guide pratique afin d’améliorer, autant que faire se peut, la qualité de leur intervention.
Ces vidéos ont ensuite été incorporées dans le contexte graphique conçu par la cellule de communication, intégrant à la fois le support de présentation et la capture de l’intervenant pendant sa présentation sur le fond prévu par la charte graphique du colloque.
Elles ont ensuite été intégrées dans MemoRekall pour y lier un contenu augmenté avec lequel le spectateur peut interagir.
Streaming
Concernant le streaming, nous nous sommes inspirés de l’architecture imaginée par Pascal Dayre (IRIT Toulouse) dans le cadre des JDEV2020 (Vous pourrez trouver ici un retour d’expérience sur cette manifestation) et construite autour du projet fédératif « Constellation » dont la MESHS fait partie. Le hasard des circonstances a fait que la MESHS a pris en charge la diffusion des communications au cours de cette manifestation.
Architecture technique
Schéma global de l’infrastructure de diffusion
Schéma global de l’infrastructure de diffusion
À l’origine de la diffusion, un studio OBS (avec une deuxième machine prête à prendre le relais si nécessaire), émet le flux. Il permet l’intégration des vidéos, des sons, des musiques et la capture de sources externes (telles que les visioconférences).
Le flux est ensuite poussé sur un serveur NGINX équipé d’un module RTMP, lui-même poussant ces données vers différentes plateformes de sortie ou d’autres serveurs de relais.
Jusqu’ici, cette partie est identique au dispositif déployé pour les JDEV2020.Serveur de relai NGINX RTMPServeur de relai NGINX RTMP
En revanche, contrairement aux JDEV2020, le colloque #dhnord2020, bien que s’adressant à un public technophile, touche toutefois des spectateurs ne disposant que de connaissances informatiques plus spécifiques, moins généralistes. Aussi, nous avons fait le choix d’utiliser essentiellement des plateformes de diffusion vidéo grand public (Canal U, YouTube et Twitch), et non une constellation de flux RTMP dont l’usage nécessite l’installation d’autres logiciels tels que VLC.
Ce compromis permet d’offrir à la fois des solutions institutionnelles non « GAFA » et des services dont la fiabilité a été mise à l’épreuve, pour être sûr d’avoir une structure opérationnelle. Nous sommes convaincus que proposer le choix à l’utilisateur, mettre en concurrence des solutions ouvertes et des plateformes de « confort » est une étape indispensable pour toucher tous les publics tout en garantissant une forme de souveraineté numérique.
La prévision du pire
Pour chacune de ces étapes, une solution de repli était disponible. Ainsi le studio OBS, non seulement était dupliqué sur deux machines, deux réseaux, deux sources électriques, mais il pouvait être bipasse en poussant directement le flux vers le serveur de relais depuis la visioconférence (Zoom en l’occurrence).
Le serveur de multidiffusion pouvait être contourné en envoyant le flux à une seule des plateformes.
Les plateformes de retransmission étaient, elles-mêmes, multiples.
Il convient toutefois d’attirer l’attention sur le fait que les normes diverses exploitées par les plateformes, alors que le flux d’origine est unique, peuvent engendrer des complications techniques (c’est d’ailleurs ce qui nous a occasionné une indisponibilité sur l’un de ces sites pendant une partie de la manifestation).
Enfin, les supports visuels dédiés à la diffusion comportaient des messages, activables manuellement, pour signaler des problèmes ou retards potentiels. Ils ne pouvaient toutefois être diffusés que via la régie ou en partage d’écran zoom en cas d’urgence.
Les tables rondes
Afin de garantir une qualité maximale des sessions, et compte tenu de la nature internationale des intervenants, nous avons dû nous reposer sur une solution propriétaire (Zoom). Nous avons toutefois souhaité l’isoler, pour des raisons de sécurité, et de portabilité, des spectateurs. Aussi, ces sessions n’étaient pas accessibles au public, et une personne de l’équipe était en charge de l’acceptation des entrées dans la session. Elles étaient retransmises grâce à la capture de fenêtre d’OBS et intégrées dans le flux du streaming décrit ci-dessus.
Quel contenu ?
Il nous a semblé indispensable d’intégrer dans le streaming les vidéos préenregistrées.
En effet, on sait que la perception des spectateurs vis-à-vis d’un colloque en ligne diffère grandement de la même manifestation en présentiel. Offrir l’opportunité de pouvoir voir les vidéos (non augmentées) juste avant la table ronde abordant la même thématique permet de faciliter l’accessibilité aux contenus du colloque. Cela engendre toutefois une complexité supplémentaire dans la communication des horaires.
Nous avons souhaité par ailleurs accompagner cette diffusion d’une période préalable de streaming en « mire d’attente » (une heure avant), afin de rappeler les horaires de diffusion, puis d’une courte « mire d’introduction » (une à deux minutes) afin d’attirer l’attention du spectateur juste avant la diffusion, grâce à un habillage sonore différent, qui n’est pas sans faire référence aux « trois coups » signalant le début d’une pièce de théâtre. Cette pratique, qui ne correspond pas aux usages modernes des « live stream » ou des « youtubeurs » qui commencent leur diffusion sans préalable, est toutefois pertinente dans le cas de comptes ne disposant, ni d’abonnés, ni d’un public fidèle (ce qui était notre cas). Ces mires ont été basées sur les cartons des vidéos à la demande, et habillées avec des bruitages et des musiques disponibles en Creative Commons 0.
Sur la plupart des “scènes” de diffusion, différents éléments graphiques reprenant l’identité graphique du colloque étaient activables manuellement pour s’adapter aux circonstances (renvoi vers les formulaires de question, le hashtag, message d’attention, message de reprise de diffusion, de retard ou de problème technique).
Évolution des spectateurs pendant l’un des streamings
Évolution des spectateurs pendant l’un des streamings
Il convient toutefois d’attirer l’attention sur le fait que des streamings trop longs, bien qu’autorisés par la plupart des plateformes, ne sont pas sans causer potentiellement des problèmes de manipulation a posteriori.
Comment accompagner le spectateur ?
Le principal obstacle reste l’interaction entre le spectateur et les modérateurs / la table ronde et de pouvoir proposer une information claire et explicite aux spectateurs sur les aléas du streaming (retards, pannes, etc.)
Nous avons proposé, lors de ce colloque, différentes solutions :
- Un formulaire (unique) pour poser des questions. Bien que relativement simple d’emploi, il a étonnamment été peu utilisé (trop de complexité, sujets peu propices aux questions ?)
- Un hashtag sur Twitter pour poser des questions et interagir sur les sessions
- Un service de messagerie instantanée (de type Mattermost) équipé d’un support d’authentification centralisé. Il y a eu très peu d’interactions directes sur ce canal (qui a accueilli environ 1/3 des spectateurs inscrits du colloque). Toutefois, il semble que l’outil a été apprécié pour le rappel de début de diffusion des séances. Mais, malgré nos efforts, cet outil qui devait permettre d’apporter un aspect relationnel plus proche du colloque traditionnel, reste un échec.
- Un système de conversion des différentes indications d’horaire dans différents fuseaux horaires sur le site de la MESHS.
Cette formule de #dhnord a été un véritable succès : 200 inscrits au colloque, avec une large représentation internationale ; plus de 100 personnes connectées chaque jour pour les tables-rondes en direct ; plus de 1 300 vues uniques sur les vidéos à la fin du colloque.
Le principal enseignement est que le colloque en ligne déplace la charge de travail : le travail en amont est considérable et les équipes techniques et de communication très sollicitées. Au contraire, comme il n’y a plus de commandes de billets de train, de feuilles de mission à remplir, de pauses café, de restaurants et d’hôtels à réserver, les équipes administratives et financières sont beaucoup moins impliquées. Il ne nous semble pas non plus envisageable que cela soit dorénavant la formule pour les communications scientifiques : si toutes les personnes invitées nous ont répondu favorablement, c’est parce que nous les avions rencontrées « in real life » dans des colloques en présentiel ou lors d’autres échanges scientifiques ; enfin, les échanges informels, où se décident souvent les collaborations futures, manquent terriblement.
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